En Juin 2016 à l’occasion des Portes ouvertes de mon atelier je suis contacté par Be’Art Magazine et je répond à quelques questions.

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Notre regard se porte aujourd’hui sur Jérémie Baldocchi, Peintre plasticien contemporain, qui nous ouvre les portes de son atelier les 11 et 12 juin 2016, situé 52 rue Ordener, 75018 Paris.

Entouré dès son plus jeune âge d’artistes et d’artisans, la créativité est une qualité que Jérémie Baldocchi a commencé à développer très jeune. Un don qu’il a affermi lors de son passage à l’Institut professionnel des métiers de la décoration. C’est alors que son idée des corps sans tête prend forme. Ses personnages aux rondeurs aguichantes seraient une contrebalance à sa maigreur subie à la suite d’une importante intervention chirurgicale.

Jérémie Baldocchi parvient à se faire connaître sur le plan international. Il a exposé de Venise, Rome, Bruxelles, Londres, Miami, Seattle, New York, au Canada, jusqu’à Taïwan ainsi qu’au Japon en marquant son passage de son empreinte. Par ailleurs ,le 1er prix d’Art du Musée d’Art Contemporain de Floride en 2012 constitue une belle récompense. Sa reconnaissance artistique prend forme.

Son travail manifeste un graphisme particulièrement intéressant. Les couleurs sont à la fois vives et saillantes sans agressivité. On décèle chez ces personnages une certaine angoisse exprimée à travers un corps mutilé. Toutefois, ces corps dénaturés transmettent une certaine sensualité de par les couleurs choisies. Le mélange judicieux des matières telles que l’acrylique, l’encre et le collage apporte un supplément d’âme à ses œuvres.
Nous vous invitons à le découvrir à travers ces questions auxquelles il a courtoisement accepté de répondre.

Vous peignez essentiellement des femmes, est-ce leur univers qui vous intéresse, ou bien leurs corps ? Représentent-elles vos critères de beauté?

Il est vrai que mes personnages sont en majorité de sexe féminin. J’aime représenter les femmes pour leur aspect graphique. J’aime leur silhouette, leurs courbes et leur façon de prendre certaines postures. Leur univers aussi me plaît ce qui me permet de traiter une plus grande variété de sujets. Sans parler de la gamme vestimentaire qui est plus riche et variée aussi bien en qualité de matières que de couleurs.
Si on m’avait donné le choix à la naissance, j’aurais sûrement coché la case « féminin ». Je n’ai jamais été doué pour être un « vrai garçon », en tout cas comme la société l’entendait à l’époque… Pour ce qui est du critère de beauté, c’est difficile à dire ! Mais il est certain que je préfère les femmes qui ont des rondeurs et des formes pulpeuses comme j’aime à les dessiner.

Vous prônez la diversité de l’individu à travers votre travail, ne pensez-vous pas que la mise en valeur de ces corps sans tête tend à créer une certaine uniformité biologique, voir socioculturelle ? Comment percevez-vous votre peinture ?

Votre question est intéressante. Justement ce que j’essaie de démontrer c’est que l’on peut faire ressentir une expression ou un état d’esprit aussi bien par le corps que plus communément par le visage. Il est, tout de même, les 3⁄4 de notre être et pourtant, la plupart du temps, nous résumons les autres qu’à leur tête. J’aimerais, à travers mon travail, montrer que les plis et les rondeurs peuvent être beaux et agréables à regarder. L’univers social dans lequel vit chacun de mes personnages se devine grâce à l’environnement dans lequel il est placé et bien souvent par les vêtements qu’il porte.
Pour répondre à la seconde partie de votre question, je vois mes peintures comme des photos. Lorsque l’on met un film sur pause et que l’on en fait une capture d’écran, mes personnages sont alors pris sur le vif. Ils sont pris en flagrant délit de vivre leur quotidien ou une scène anecdotique. Ce qui me fait aussi penser cela, c’est que je crée mes images comme de véritable séances de prise de vues. En effet, dans un premier temps, je fais des repérages de lieux, soit dans la vie réelle, soit dans des catalogues de décoration. Puis je fais un casting parmi mes nombreux dessins, je sélectionne le ou les personnage(s) et ensuite on passe à l’habillage et au maquillage. Une fois que tout est prêt, je place les éléments sur ma toile.

Malgré la difformité de vos personnages vous utilisez des couleurs positives : le rouge la vitalité, le bleu la paix, le jaune la gaieté. Elles rappellent l’esthétisme du Bauhaus en privilégiant les couleurs primaires. Est-ce intentionnel ?

Il est vrai que j’aime créer des ambiances d’une même tonalité de couleur mais je n’utilise pas que des couleurs primaires, beaucoup de mes toiles sont composées de rose, de turquoise, de vert, de violet ou d’orange. Ces tonalités ne sont pas vraiment associées au Bauhaus.
En revanche lors de mes études en école d’art j’ai été très influencé par ce mouvement. J’aurais aimé faire partie d’un groupe d’artistes soudés avec des idées novatrices et influentes comme l’a été cette école.

L’absence des têtes à vos personnages, rappelle le tableau »Yellow Red Blue » de Vassily Kandinsky. La confusion entre ces corps abstraits et les formes géométriques s’interprète-t-elle comme un combat entre les couleurs chaudes et froides, de l’hominien et des formes graphiques ?

Je suis flatté que mon travail vous fasse penser à une œuvre de Kandinsky. Même si je ne suis pas fan d’art abstrait, je reconnais que c’est un peintre qui a marqué son époque. Il est vrai que j’utilise beaucoup de courbes qui s’apparentent forcément à des formes géométriques. J’aime les disproportions et les anomalies ce qui fait que je représente des corps qui sont déformés mais je ne pense pas qu’elles rendent mon travail abstrait.
Je trouve intéressant que vous utilisiez le mot « combat », car j’aime les contrastes. J’aime les mélanges improbables comme une couleur chaude placée dans un univers froid, un personnage sorti de son contexte ou positionné dans un lieu qui ne lui est pas approprié. Dans la vie réelle c’est la même chose j’aime les situations incongrues ou hors normes, ce qui est énorme ou minuscule.
Les choses, les gens ou les animaux que je dessine ne sont jamais gros ou minces, grands ou petits, tristes ou heureux, uniquement masculin ou féminin, comme s’il menaient tous ce même « combat » qui les pousse à être les 2 états à la fois.

De votre travail, nous ne connaissons que la peinture, pensez-vous vous atteler à une autre matière artistique telle que la sculpture ou la gravure ?

Vers la fin de mon cursus scolaire, j’ai réalisé beaucoup de sculptures à l’aide de papier mâché, c’est un travail que j’aime beaucoup. J’ai l’impression que l’on se prend encore plus pour un dieu lorsque l’on donne vie à un personnage par la sculpture plutôt que par le dessin. C’est un travail très sensuel qui, selon moi, lie d’une façon fusionnelle le travail de l’artiste avec sa création. La gravure ne m’attire pas mais par contre j’aime la photo et j’en fais beaucoup à usage personnel.

Pensez-vous organiser une rétrospective de vos œuvres compte tenu de l’abondance de votre travail ? Quels sont vos projets artistiques ?

Ce serait l’idéal, mais cela me semble bien compliqué à mettre en place étant donné que mes œuvres sont éparpillées un peu partout à travers les quatre continents. Ce serait un travail énorme pour tout rassembler. À court terme, les projets se font en fonction des expositions qui se présentent à moi. Par exemple le mois prochain, je présente une œuvre à la manière de Picasso au sein de la Galerie Thuillier.
Je suis aussi actuellement en pleine préparation des portes ouvertes de mon atelier, une occasion de rencontrer et d’échanger avec le public qui est de plus en plus nombreux chaque année. À plus long terme, j’aimerais faire un troisième livre avec des travaux personnels et me remettre à la sculpture. J’aimerai également travailler sur de très grands formats.

Jérémie aime susciter des réactions sur ses œuvres quelles qu’elles soient ! Alors n’hésitez pas à venir le rencontrer lors des journées portes ouvertes de son atelier qui auront lieu les 11 et 12 juin 2016. Cela sera l’occasion idéale pour lui faire part de vos appréciations.

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